lignes de fuite

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écrivains

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vendredi 20 octobre 2006

je cesse d'être moi

marienske_rhesus.jpg

Les premiers romans sont un des plaisirs de la rentrée littéraire : on rêve devant les piles des libraires d'être surpris, de découvrir de nouvelles voix, d'avoir la possibilité de se faire une idée par soi-même sur des auteurs tout neufs, pas encore rangés par les médias dans telle ou telle petite case.

Rhésus d'Héléna Marienské, dont on ne sait pas grand chose sinon qu'elle enseigne la littérature, est une excellente surprise : drôle et intelligent, subversif dans son propos (les vieux ont le droit d'être méchants, de se découvrir bisexuels et de s'éclater sur des jeux videos) et truffé de citations (de la Princesse de Clèves à Perec, de Beckett à l'Illiade), jubilatoire dans l'écriture, d'une construction rigoureuse mais pleine de lignes de fuite.

Pour se faire une idée avant de la lire on peut feuilleter les premières pages et consulter la revue de presse proposée par son éditeur P.O.L, dont l'Agenda permet également de connaître les interventions des uns et des autres. On peut aussi lire un entretien (Evene) ou voir l'écrivain essayer en vain de parler de son roman (!) dans l'émission de Frédéric Taddéï Ce soir (ou jamais!) (19 octobre).

Dans l'épilogue de Rhésus, intitulé « D'après moi » on comprend qu'écrire pour Héléna Marienské c'est oublier avec jubilation la pesanteur du moi (« je non-suis avec passion », écrit-elle) :

Mais que d'efforts pour vivre interminablement avec moi. Je m'amadoue, pourtant, me leurre et m'apprivoise, je me compose un reflet flatté de moi qui serait acceptable. Soulagement, pendant les quelques instants où je coïncide avec ce moi mieux. Mais crotte et purin, le moi est là, gros bloc, et le reflet bientôt se brise comme un miroir à l'impact du granit lancé à toute force, et je tombe tête en bas sur un sol en ciment. Le crâne s'ouvre et à sa suite le corps se fend en deux. La colonne vertébrale, seule, reste pointée vers le ciel, cocasse paratonnerre de quel orage ? Je ne sais, tandis que s'effondrent avec symétrie mon moi gauche et mon moi droit. Vite la mort, que je me repose de toutes ces avanies. Mais sitôt qu'il a touché terre, mon corps recouvre sors unité, l'esprit suit, et le tour est joué.
Je suis sans cesse encombré d'un moi qui n'est pas celui que j'aurais emporté, si l'on m'avait donné le choix. On m'a fait une méchante blague.
Les spécialistes du moi ont apporté à ce cas critique quelques améliorations. Qu'ils en soient ici remerciés. Mais las ! Las ! Cautère et jambe de bois... tout cela n'a pas tenu devant la vie.
Le pire est qu'on ne me plaint pas, bien au contraire, rares sont les consolateurs. On pense sans doute que je suis satisfaite du paquet. On n'imagine pas cette fâcherie de toujours, ces réconciliations sans lendemain. Cours fermés à toutes les compassions, cours de pierre ! Je sais, les mouches souffrent aussi. Les plaint-on ?
On n'imagine pas les nuits difficiles, les abattements, les désespoirs. Comment imaginerait-on ce misérable fatras puisque je sourie? Car j'ai été dotée d'un moi au regard affable. Il semble tout heureux, tout béatement satisfait de lui et de son sort. Le masque du bonheur fut livré en même temps que le sujet malingre et souffreteux qu'il dissimule. Il est si étroitement collé à la peau que l'arracher serait sans doute dangereux. Reste donc le moi qui fait risette et ferait presque le malin, mettrait du baume sur les plaies du monde...
Certains donc louchent vers moi, m'imaginent enviable, et m'envient. Comme la jalousie confère à la méchanceté l'efficace d'un virus, ils se déchainent par hordes, et m'accablent. On m'ôterait volontiers, dans la mêlée, tout le fruit de mon travail, on m'amputerait de mes muscles ou de mes avoirs, on me déglinguerait bien la gueule, quitte à ne pas être poli. Je dois montrer les dents, ce qui m'afflige car je ne me suis guère remise des imperfections de ma denture, qui égalent presque celles de mon âme.
Je me trouve engagée dans des combats que je n'aurais pas voulus mais nécessaires a ma survie sociale. C'est épuisant et grotesque. Encore que je ne crache pas sur les joutes, après tout, comme diversion. Et donc, à la première alerte, je sors les oriflammes et les artilleries, prête à toutes les batailles.

Mais parfois, pour éviter tous les embarras afférents au moi et les épuisements de la guerre, je cesse d'être moi. Je non-suis alors avec passion. Je deviens platane, écorce, ongle, forêt, odeur, tubercule ou biscuit, état, lumière, chaleur. Le moi lumière tiède est extatique, et je ne le quitte qu'à regret. Autre moi que je voudrais ne jamais quitter : le moi musique, prélude et fugue, mais le bruit rond des gouttes de pluie sur le zinc du toit est presque aussi bien.
Je suis souvent envahie par tout autre que moi. Ce tout autre s'infiltre par la bouche et les oreilles, sans doute même par la peau, car je suis poreuse. Les manoeuvres d'approche ne m'alertent guère, je vois venir sans crainte ce qui va dominer le moi chétif, l'occuper corps et âme, tendrement l'asservir, lui ôter toute force et tout désir d'agir hors de son emprise. Ainsi fit Rhésus.

Héléna Marienské, Rhésus (P.O.L, 2006, p. 311-314)

jeudi 19 octobre 2006

le monolithe d'arthur c. clarke

édité par Al Dante, aussi, Christophe Fiat :

en 2001 à hollywood
on dit this time the scene was real
parce que le terrorisme qui frappe le world trade center
à new york city
se préoccupe des spectateurs
comme les producteurs et comme les réalisateurs
des films terrifiants d'hollywood
qui se préoccupent aussi des spectateurs
à cause d'hollywood
qui est une usine à rêves

this time the scene was real 1
en 2001 sur une chaîne locale new yorkaise
les images des attentats
du world trade center à new york city
sont des images qui défilent en boucle
sur la musique du film
de martin scorsese raging bull

this time the scene was real 2
en 2001 sur CBS un montage spectaculaire
associe les témoignages des rescapés
de l'écroulement du world trade center
et les témoignages des familles des victimes
à des morceaux de musique classique

this time the scene was real 3
en 2001 l'explosion du world trade center
à new york city
ressemble à une compilation
de films-catastrophe
collateral damage
big trouble
24 4.
the agency
alias
the peacemaker
x-files
independance day
parce que l'attaque
du world trade center
par les terroristes
est une attaque qui puise
dans notre mémoire
qui est une mémoire nourrie
par le cinéma de destruction hollywoodien
qui est un cinéma qui montre
dans des montages spectaculaires
d'images fixes et d'images animées
les crashes dont tout le monde rêve
à cause de l'usine à rêve d'hollywood

(...)

fiat_new_york.jpg

au travers du cristal
du monolithe d'arthur c. clarke
on entend un galop
et on voit un parc d'attraction
avec des réfugiés afghans dedans
qui se déplacent en flots continus
pendant que l'armée américaine attaque
l'afghanistan
pour libérer les vingt millions d'afghans
qui meurent de faim en afghanistan
à cause de la catastrophe humanitaire
et des talibans terroristes
qui détruisent et qui affament l'afghanistan
depuis des années
et font régner la terreur
en afghanistan
dans le monde entier
même aux états unis
depuis le 11 septembre 2001
alors l'armée américaine
a une tactique d'attaque
qui est une tactique de guerre chirurgicale
qui consiste à embraser d'éclairs
le ciel d'afghanistan en pleine nuit
et à faire des champignons de fumée
dans le ciel
avec des bombes larguées
d'avions qui ne sont pas des avions kamikazes
mais qui sont des bombardiers B.52

Christophe Fiat, New York 2001 : Poésie au galop (Al Dante, 2002, p. 39-40 et p. 97)

et aussi :

Ladies in the Dark (Al Dante, 2001)
Épopée. Une aventure de Batman à Gotham City (Al Dante, 2004)
Héroïnes (Al Dante, 2005)
La Reconstitution historique. Une aventure de Louise Moore (Al Dante, 2006)

et encore, chez d'autres éditeurs :

Laure Sainclair (Derrière la salle de bains, 2000)
Sexie ou le système de la mode (Derrière la salle de bains, 2000)
King Kong est à New York (Derrière la salle de bains, 2001)
Ritournelle, une anti théorie (Léo Scheer, 2002)
Bienvenus à Sexpol (Léo Scheer, 2003)
Qui veut la peau de Harry ? (Inventaire / Invention, 2004)

mercredi 18 octobre 2006

écriture(s) indocile(s)

pittolo_opera_isotherme.jpg

Une alerte lancée par François Bon que j'ai envie de relayer...

... suivez son conseil, parcourez le catalogue des éditions Al Dante, vous y trouverez des écritures « singulières » et « indociles », comme l'écrit Laurent Cauwet.

Par exemple celle de Véronique Pittolo (née en 1960) dont les éditions Al Dante ont publié :
Héros (Al Dante, 1998)
Gary Cooper ne lisait pas de livres (Al Dante, 2004)
Opera isotherme (Al Dante, 2005)

on peut lire aussi, chez d'autres éditeurs :
Montage (Fourbis, 1992)
Chaperon loup farci (La Main courante, 2003)
Schrek (L’Attente, 2004)

et en ligne :
- un extrait de Héros (Double Change)
- « Pour une poésie hybride qui mêle les genres » (Remue.net)
- « La longueur » et « Le personnage » (Atelier de narration contemporaine, Maison des écrivains)

enfin sur Véronique Pittolo, on peut lire :
- Emmanuel Laugier (Le Matricule des anges)
- Lionel Destremau (Prétexte)
- Florence Trocmé (Poezibao)
- la notice du CipM
- la notice de la Poéthèque (Printemps des poètes)

mercredi 4 octobre 2006

mâcher du papier

bataille.jpg

Le livre de Christophe Bataille, Quartier général du bruit (Grasset, 2006), qui évoque de manière à la fois elliptique et percutante la figure complexe de Bernard Grasset dans la période de l'avant-guerre

« Ce portrait je l'avais vu et caressé mille fois - l'oeil de Proust, la bouche de Hitler, et cette peau de cadavre qui semblait tendre la toile, la pièce, les murs, la rue, toute l'industrie, jusqu'à nos pauvres mains qui l'imploraient ... » (p. 47)

rappelle que les livres sont aussi du papier (que le narrateur, Kobald - le Diable - « mâche » continûment), les écrivains des narcisses, l'édition un commerce (« Que voulez-vous c'est la perfection du marché. Le commerce transmute la littérature. Nouvelle alliance. », p. 90), les prix littéraires un combat (« on travaillait au couteau, à la baïonnette, on dansait aux tranchées de l'art et du commerce. », p. 108) ... et que - non - ce n'était pas mieux avant.

Christophe Bataille, né en 1971, est éditeur chez Grasset depuis 1997.
Il est l'auteur de 5 autres romans :
Anmam (Arléa, 1933) Prix du premier roman et Prix des Deux Magots
Absinthe (Arléa, 1994)
Le maître des heures (Grasset, 1997)
Vive l'enfer (Grasset, 1999)
J'envie la félicité des bêtes (Grasset, 2002)

mardi 3 octobre 2006

dans la télévision 2

delaume_television2.jpg

Chloé Delaume est bien coiffée ... et dans son dernier livre, J'habite dans la télévision (Verticales, 2006), la narratrice finit absorbée par la télévision devant laquelle elle s'était voulue « sentinelle » tentant de comprendre comment l' « ogre » s'y prend pour rendre nos cerveaux « disponibles ».

La juxtaposition très réussie de documents et de chiffres, d'extraits d'émissions, de descriptions neurologiques, d'adresses ironiques au lecteur, de récits tragicomiques des métamorphoses corporelles de la narratrice, de prophéties apocalyptiques et de scènes hilarantes (la rencontre avec l'esprit de Gilles Deleuze par l'intermédiaire du marabout M'Batah!) finit par dresser un état des lieux ... édifiant.

à voir en ligne :
- le site et le blog de Chloé Delaume (et ce qu'elle dit de son livre)
- son blog de la forumancière pour France 5 où elle est chroniqueuse d'Arrêt sur images,
- un article de Fabienne Swiatly pour Remue.net.

jeudi 28 septembre 2006

écrire pour penser

picard_toutlemonde.jpgLe dernier essai de Georges Picard est tout aussi atypique et subjectif que les précédents et son titre, Tout le monde devrait écrire (Corti, 2006), encore plus accrocheur. Il ne faut pas s'y arrêter et découvrir ce texte plein de nuances et de passion, d'humour et d'esprit de résistance, sur la lecture et l'écriture. J'ai aimé notamment la façon dont Georges Picard décrit la cristallisation dans les mots de la « vapeur cérébrale » de la pensée, par exemple :

Pour moi dont la parole est embarrassée, ordinairement hésitante, exceptionnellement explosive et excessive, une pensée riche ou fine ne peut trouver une forme adéquate en dehors de l'écriture. Comme beaucoup, je pourrais aller jusqu'à soutenir que c'est l'écriture qui appelle, stimule et formalise ma pensée. Écrire pour penser plutôt que penser pour écrire : étrange retournement des priorités dans les domaines didactiques, mais positionnement naturel, me semble-t-il, en littérature. Si l'on considère qu'une pensée sans forme n'est qu'une intuition à la limite de l'impalpable, une sorte de vapeur cérébrale, on conçoit aisément l'inéluctabilité de la verbalisation (ou, en tout cas, de la formalisation qui permet de parler de pensée plastique ou musicale). La seule concession, qui n'est pas mince, consiste à accepter l'idée que le lecteur pense en lisant, comme le voyageur vole métaphoriquement en prenant l'avion. Je lis, donc je pense, mais ma pensée est un clignotement le long d'une autre. Pour être au clair avec soi-même, pour savoir de quoi sa propre pensée est réellement capable, l'épreuve de l'écriture me paraît cruciale. Peut-être publie-t-on trop, mais il n'est pas sûr que l'on écrive suffisamment. Tout le monde devrait écrire pour soi dans la concentration et la solitude : un bon moyen de savoir ce que l'on sait et d'entrevoir ce que l'on ignore sur le mécanisme de son cerveau, sur son pouvoir de captation et d'interprétation des stimuli extérieurs. (p. 11-12)
(...) Pourquoi cette - presque - ascèse solitaire ? Pour faire parler en soi la voix personnelle qui se dérobe dans les rapports sociaux. Pour faire remonter à la surface de la conscience organisatrice des éléments mentaux éparpillés, non fixés, magma inconscient et semi-conscient de savoirs que l'on ne sait pas posséder (par savoirs, je n'entends pas des connaissances érudites ; je parle de savoirs du corps, de traces de sensibilité, de bribes de mémorisation... ). (p. 91-92)

On peut lire aussi, au sujet de ce livre un article de Pascale Arguedas.

jeudi 7 septembre 2006

ce qu'il en coûte

swialty_gagner_sa_vie.jpg

Gagner sa vie, publié par La fosse aux ours est un beau livre en forme de curriculum vitae : Fabienne Swiatly y invite, à travers 13 courts tableaux consacrés chacun à un travail différent, de l'emballage des dattes à l'atelier d'écriture, à « réfléchir à ce qu'il en coûte exactement de gagner sa vie » (ce sont les derniers mots du livre). Avec, en refrain, les instants volés dans chaque journée pour se retrouver soi-même et fumer dans les toilettes :

« Dédramatiser. Sauver sa peau. Interroger l'extérieur et mieux comprendre ce qui a empiété sur le faire ensemble.
Se détacher, se défaire. Fumer une dernière fois le dos à la porte du local, les yeux dans le vague. Souffler fort pour élargir la respiration. Aspirer, souffler et penser à demain. Fumer et réfléchir à ce qu’il en coûte exactement de gagner sa vie. » (p. 91-92)

Fabienne Swiatly est née en 1960 à Amnéville en Lorraine. Elle est membre du comité de rédaction de remue.net. Elle a aussi publié un recueil de poèmes, Stimmlos - Sans voix (En Forêt, 2006)

mercredi 6 septembre 2006

come parla


Parmi ceux qui peuvent l'avoir... Les Bienveillantes, premier roman de Jonathan Littell publié chez Gallimard.
Mais le tapage publicitaire dont ce livre fait l'objet dans tous les médias ne donne pas envie de le lire, pas plus que la façon très concertée dont sont diffusées des informations sur l'auteur, fils d'un écrivain à succès. Est symptômatique la façon, toute en chiffres, dont Livre Hebdo (1er septembre 2006, 655, p. 17) en parle, sous le titre « Un pavé dans la rentrée » :

900 pages, 1,120 kg et... 25 euros. Ce sont les mensurations, imposantes, du premier roman de Jonathan Littell, Les bienveillantes (Gallimard), qui secoue cette rentrée littéraire. Les 12000 exemplaires du premier tirage, dont 6000 ont été mis en place le 21 août. sont d'ores et déjà épuisés. Gallimard vient d'effectuer une première réimpression de 3000 exemplaires, et une seconde de 10000 arrive aujourd'hui chez les libraires. « Je présentais que le démarrage serait vif, mais je ne m'attendais pas à une telle vigueur », témoigne Philippe Le Tendre, directeur des ventes. Dès avant l'été, 300 libraires ont reçu un jeu d'épreuves reliées, accompagné d'une lettre de Richard Millet l'éditeur et premier lecteur du manuscrit signé Jean Petit, subterfuge derrière lequel s'est d'abord caché Jonathan, fils de Robert Littell, écrivain renommé de romans d'espionnage. « C'était un signe que l'éditeur croyait en ce livre et allait le soutenir » estime Emmanuel Favre qui dirige le rayon littérature chez Sauramps à Montpellier et en a commandé 30 exemplaires lors du premier passage du représentant, puis a doublé la mise juste avant la rentrée. Aujourd'hui, les 60 volumes ont été vendus, et le libraire en a recommandé 200.

à lire aussi (par exemple) :
- Nathalie Crom dans Télérama
- Michel Schneider dans Le Point
- le billet de Buzz littéraire.

vendredi 1 septembre 2006

guide du 21e siècle

paillard_pique_nique.jpgParmi les auteurs invités par remue.net, Jean-François Paillard, qui a lu le premier chapitre de son roman qui vient de paraître : Pique-nique dans ma tête (Rouergue, 2006).

Jean-François Paillard est né le 18 mai 1961.
Après avoir travaillé en entreprise, il est aujourd'hui plasticien et journaliste indépendant.
Il a publié :

Animos® (Le Rouergue, 2000)
Guide du 21e siècle. In heaven : livre d'images (Tarente, 2000)
Guide du 21e siècle, 2. La vie rêvée : livre d'images (Tarente, 2002)
Un monde cadeau (Le Rouergue, 2003)
Duel : théâtre (Crater, 2004)
Guide du 21e siècle, 3. Plan masse : images et vidéo (Territoire3, 2006)

Les différents volumes du Guide du 21e siècle présentent les images et videos qui constituent l'univers graphique des romans de Jean-François Paillard. On peut avoir un aperçu de ce monde à la fois trop familier et très étrange sur son site Territoire3.

On trouve également en ligne un entretien avec Gaëlle Perret pour Ecrits-vains (2001).

mercredi 30 août 2006

une autre technique

quintreau_marge_brute.gif... consiste à lire les livres : 457 romans français pour cette rentrée ! Parmi eux 97 premiers romans, dont, rituellement, j’essaie d'ajouter chaque année les auteurs (débutants d’un bal plus ou moins brillant) dans l’index de labyrinthe, en espérant qu’ils auront l’opportunité de publier un deuxième roman.

Le premier « premier roman » lu cette année - Marge brute de Laurent Quintreau (Denoël, 2006) - m'a séduite. Il donne à lire les monologues intérieurs très habilement juxtaposés de 11 cadres d'une multinationale réunis entre 11h et 13h pour parler marge brute, dégraissages et licenciements. Tragiquement drôles, ces points de vue très contrastés offrent un concentré des jeux de rôles destructeurs produits par le monde du travail et les positions hiérarchiques.

Le récit, très construit, est placé sous le signe de La Divine Comédie de Dante et découpé en 11 chapitres : les neuf cercles de l’Enfer (les monologues intérieurs de neuf des participants), le Purgatoire (celui d’un jeune employé, encore plein d’illusions), et le Paradis (monologue du petit dernier qui sera viré à la fin de sa période d'essai, que tous prennent pour un doux dingue, et qui, bien sûr, se nomme Alighieri).

Laurent Quintreau (nous dit la notice de son éditeur, qui propose également en ligne un long extrait, le début du premier chapitre) « est l’un des membres fondateurs de la Revue Perpendiculaire, qui anima la scène littéraire de la fin des années 90. Chroniqueur pour différentes revues, auteur de théâtre, il est aujourd’hui salarié d’une grande entreprise de communication et syndicaliste. »

D'ailleurs son syndicat signale le roman et lui-même déclare : « Je suis cadre et syndiqué » dans le Journal du Mangement.

lundi 28 août 2006

tumulte

tumulte.jpg



Les piles de livres et les cartons envahissent les librairies et il faut tout de même se résoudre à parler de ce phénomène certes un peu déprimant mais excitant tout de même qu'est le tumulte de la rentrée littéraire.

Un bon guide pour ne pas se perdre dans les piles est François Bon, dont les propositions de lecture riches en liens sont publiées par le site remue.net (dont il fut le créateur).

Son livre Tumulte (qui est né en ligne) forme d'ailleurs l'une des piles les plus recommandables de cette rentrée.

vendredi 25 août 2006

(pensum)

Pensum est le sous titre du Tractatus logo mecanicus publié par Jean-Michel Espitallier en juin dernier aux éditions Al Dante.

Enpruntant la construction et les figures obligées (rigueur logico-mathématique, paradoxes, syllogismes, etc.) du célèbre Tractatus de Wittgenstein, ce petit livre réjouissant creuse jusqu'à l'absurde la question : qu'est-ce que penser ?

espitallier.jpgJean-Michel Espitallier est né en 1957. Il a fondé et dirigé la revue Java (1989-2006) avec Jacques Sivan et Vannina Maestri.

Il a a publié :
Ponts de frappe (Fourbis, 1995)
Pièces détachées. Une anthologie de la poésie française aujourd'hui (Pocket, 2000)
Gasoil : prises de guerre (Flammarion, 2000)
Fantaisie bouchère (Derrière la salle de bains, 2001)
Le Théorème d’Espitallier (Flammarion, 2003)
En guerre (Inventaire Invention, 2004)
Caisse à outils. Un panorama de la poésie française aujourd'hui (Pocket, 2006)

On peut lire en ligne :
- la notice de la Poéthèque
- un entretien à propos de la revue Java (Manuscrit.com)
- En guerre (Inventaire Invention)

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