28 mai 2006

simples nuages en devenir

Miguel Benasayag a aussi publié il y a quelque temps un beau livre intitulé La fragilité (La Découverte, 2004). Il y brasse de nombreux concepts, venus de multiples diciplines, autour de celui de fragilité, et conclut ainsi :

Nous somme ce que nous n'avons pas choisi d'être, et nous sommes responsables de ce que nous n'avons aucune possibilité de choisir. [...] Nous donner, d'une façon imaginaire, une finitude, croire que nous serions responsables seulement de ce que nous avons choisi, c'est ce qui nous sépare de nous-mêmes et du paysage. Ainsi, si nous ne sommes ni auteurs ni lecteurs passifs, ni dominants ni dominés, ni forts ni faibles, c'est en tant que nous existons sous la forme de la fragilité qui s'inscrit par essence au-delà de ces dichotomies.
Quand, obsédés par nos rêves cauchemardesques de maîtrise, nous trouvons que nos vies ne sont pas assez intéressantes, et que nous voudrions casser le destin pour le rendre plus digne de nous, moins vain, quand nous nous souhaiterions taillés dans la pierre, roc du roc, ineffaçables, et non pas simples nuages en dévenir, nous devrions peut-être nous rappeler la belle intuition de Borges : « Quiza la nube sea no menos vana que el hombre que la mira en la manana » ( « le nuage n'est peut-être pas moins vain que l'homme qui le regarde au petit matin » ).
(p. 210)

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