09 juin 2006

une gorge à serrer

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Si l‘homme était pur esprit, - il n’y aurait ni surprise, ni les importances diverses des choses, ni ces tâtonnements et ces troubles qui rendent sensibles les travaux qui font la pensée, lui donnent un corps, un temps pour être, un temps où elle n’est pas et un où elle est.
Et que serait telle pensée, si elle n’avait une gorge à serrer, des glandes à tarir, une tête à enflammer, un souffle à comprimer, des mains à agiter, des membres à paralyser ?
Ce qui fait songer au pur esprit, n’est que la multiplicité ou diversité des effets et des moments d’une idée donnée. Mais si tel ou tel effet n’est pas proprement nécessaire toutefois il en faut toujours trouver quelqu’un.


Paul Valéry (1912, Cahier IV, p. 675) (Cahiers, I, p. 1120)

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