23 mai 2006

ce morceau de verre qui hurle

Jean-Claude Carrière montre bien comment l'homme, pour nier et oublier lui-même sa fragilité, fait la guerre, caparaçonné sous des armures, cherche à imposer sa religion à grand renfort de croisades et d'attentats, recherche le pouvoir, caché sous le masque de la force :

Ainsi, chez les puissants, la fragilité me saute aux yeux. Je ne peux pas regarder et écouter un discours éructant de Hitler, ses petits poings serrés par la haine, sans l’imaginer, quelques années plus tard, vaincu dans son bunker berlinois, tendant d’une main tremblante un revolver chargé vers sa bouche. Avec l’aide de l’histoire, je vois sur l’estrade de Nuremberg cette silhouette pitoyable, ce morceau de verre qui hurle, et je ne vois même que ça. (Fragilité, p. 79)

Ce passage entre en résonnance avec une sculpture de Maurizio Cattelan, que je n'ai malheureusement vue que dans un reportage sur l'ouverture au public de l'exposition d'une partie de la collection Pinault au palazzo Grassi :
Him (2001) (ci-dessus) est une cire qui représente d'abord, pour le visiteur qui l'aborde de dos, un premier communiant agenouillé, malingre et pitoyable. Mais en le contournant le visiteur s'aperçoit qu'il s'agit d'Adolf Hitler, sur le visage de qui se lit la peur.
Cattelan est aussi l'auteur de La nona ora (1999) (ci-contre) qui montre Jean-Paul II terrassé par une météorite au milieu des éclats de verre.

Commentaires

Nous sommes dans les extrèmes mais j'adhere à cette théorie.
Dans la "vraie vie" on constate que les animaux ont le même comportement : Si les chiens aboient c'est souvent pour manifester leur crainte. Charger un chien qui vous menace et vous constaterez qu'il se sauvera ...
(si si ça marche ;-) )
Même constat pour l'homme, vous ne trouvez pas ? maintenant est ce que l'homme en a conscience ? là j'en suis moins sûr ?
Savez vous ce qu'a voulu exprimer Cattelan avec "La nona ora" ?
Un de vos lecteurs assidus.

Écrit par : bke | 23 mai 2006

Merci pour votre assiduité ...
Je ne me risquerai pas à décider de ce qu'a voulu exprimer Cattelan.
Il y a pas mal de provocation dans cette oeuvre.
Ce que je comprends c'est que Jean-Paul II, à la "neuvième heure" (celle de la mort de Christ), reçoit du ciel un présent inattendu, sous la forme d'une météorite (j'ai écrit comète hier soir mais je vais corriger).

Écrit par : cgat | 23 mai 2006

oui il y a de la provocation ! j'essaye aussi de comprendre le message implicite de l'artiste, je ne perçois que "vaguement" ce qu'il a voulu exprimer. Si vous trouvez des pistes ...
Amicalement bke

Écrit par : bke | 24 mai 2006

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