11 mars 2006

la singularité est-elle proche ?

Voici par exemple une question que l'on se pose assez peu en France, où l'on a peur des idées qui dérangent.

Pourtant l'utilisation de ce terme pour décrire les progrès technologiques date aux Etats-Unis des années 50 (John von Neumann). Le concept a été popularisé par Vernor Vinge au début des années 80, puis exploité par la science-fiction (Un feu sur l'abîme du même Vernor Vinge, La Musique du sang de Greg Bear …)

Son principal porte-parole actuel est Ray Kurzweil, qui vient de publier The Singularity is near : When Humans Transcend Biology (Penguin, 2005), après The Age of Intelligent Machine (1990) et The Age of Spiritual Machine : When Computers Exceed Human Intelligence (1999). Aucun de ces titres n'a été traduit en français.
La théorie de Kurzweil est que les progrès technologiques s'accélèrent actuellement à l'extrême, et ce d'autant plus que différentes technologies convergent. La courbe exponentielle du changement atteindra à son asymptote un point de non retour et créera les conditions d'émergence d'un monde profondément transformé. Cette révolution - la singularité - pourrait se produire dans les 10 à 50 prochaines années.
Dès lors que l'homme aura réussi à créer des intelligences artificielles plus intelligentes que lui, leur intelligence ne pourra que se multiplier de manière exponentielle, et ce d'autant qu'elle sera mise en réseau, et reculer sans limites prévisibles les frontières de la vie intelligente.
Quant aux conséquences pour l'homme de ce changement radical elles ne sont pas clairement définies, mais de nombreuses choses aujourd'hui considérées comme impossibles deviendront faciles : possibilité pour la conscience d'échapper au corps, humains 2.0 aux pouvoirs psychiques nouveaux, immortalité, ou extinction de l'humanité ?

On peut critiquer ce concept, le traiter de science-fiction, de mythe new âge à peine décalqué de l'apocalypse, ou d'escroquerie intellectuelle. On peut également lui apporter des nuances, allonger les délais, s'opposer à l'optimisme de Kurzweil pour penser que c'est peut-être une grande extinction ou un destin de bétail qui attend l'humanité, mais il semble difficile de l'ignorer.

Pour se faire une idée, on trouve tout de même quelques pages francophones sur la singularité, par exemple :
- le blog d'Automates Intelligents (toujours!)
- Fractale framboise
- Ce qu'en pense Rémi Sussan
- la traduction française de Staring into the singularity de Eliezer S. Yudkowsky (2004)

- et, bien sûr le site de Ray Kurzweil (en anglais)

10 mars 2006

l'art et la science au sommet



Plus il ira, plus l'art sera scientifique, de même que la science deviendra artistique.
Tous deux se rejoindront au sommet après s'être séparés à la base.

Gustave Flaubert

09 mars 2006

il doit y avoir maldonne

Il doit y avoir maldonne.
L'humanité vient de faire, en quelques années, plusieurs pas décisifs sur la voie de la maîtrise technique du vivant. Ces succès ne sont pourtant pas unanimement célébrés comme autant de progrès illustrant l'intelligence et l'ingéniosité de l'être humain. Bien que les efforts des chercheurs se concentrent sur le meilleur parti à tirer de leurs résultats pour le mieux-être général, on n'entend guère que discours d'épouvante et alertes solennelles. Un tel en vient à s'interroger sur le caractère inhumain de la science ; pour tel autre, la difficulté serait même pour les hommes de lui survivre. Après avoir été idolâtrée pendant des décennies, la science se voit maintenant dénoncée comme détentrice d'un pouvoir maléfique. Et voici qu'on fait de tous côtés l'éloge de la peur comme de la seule voie vers la sagesse face à des désastres annoncés comme inévitables. Nombre de nos philosophes semblent affectés de ce qu'on pourrait appeler le « complexe de Cassandre ».




Tel est l'incipit du livre de Dominique Lecourt, Humain, post humain. La technique et la vie (PUF, 2003, 146 p.).

Je partage tout à fait l'agacement de ce philosophe des sciences devant la frilosité de notre société, et, plus grave, de nos élites intellectuelles face aux mutations qui attendent inévitablement l'humanité. Entrer à reculons (et en se voilant avec application la face) dans le futur me paraît la meilleure solution pour que celui-ci ressemble aux cauchemars annoncés. Ouvrir les yeux (encore!) sur les opportunités d'évolution qui nous seront offertes, tout en restant lucide sur leurs dérives possibles, est peut-être au contraire la meilleure manière de les faire advenir et de les rendre profitables. En outre je ne trouve pas (mais alors vraiment pas!) que la réalité actuelle soit si belle qu'il faille absolument n'y rien changer.

Je n'ai pourtant pas le profil du geek adolescent qui ne lit que de la sf : je suis une femme, parisienne, la quarantaine, de culture littéraire classique (mais qui aime aussi la sf). Cependant les progrès actuels de la science et de la technologie me fascinent, tout autant que me désole la peur et l'incompréhension qu'ils suscitent chez mes contemporains et dans mon entourage amical et professionnel.

C'est la raison d'être de ce blog d'adulte chiant (comme ils disent, les ados) : réfléchir, explorer, tâtonner, rêver, mêler ce que je sais de l'art et de la science, lire et citer, poser en non spécialiste des questions qui m'intéressent, et au passage préciser mes connaissances, souvent trop approximatives.

08 mars 2006

regards

Je me souviens aussi des regards ... des yeux de la Catherine d'Alexandrie du Caravage, de l'autoportrait du Dürer, du Christ rescuscité de Bramante, de la Maja, nue ou vêtue, de l'Amazone de Manet, des portraits de Raphaël, des nains des bouffons des servantes et des petites princesses de Velasquez ...

- ce regard là, celui d'Un bar aux Folies-Bergères est peint par Manet : il est à Londres (Gallerie Courtauld) pas à Madrid -

... ce sont souvent des regards dans des visages qui accrochent le mien dans un tableau. C'est sans doute la raison pour laquelle je ressens souvent moins d'émotion devant les tableaux vides d'humains ou abstraits.

Je rattache, peut-être à tort, cette importance des regards dans la peinture au comportement des bébés d'hommes : avant même de voir vraiment, leurs yeux qui voient flou se tournent vers les visages et vers les yeux dans les visages. En naissant le bébé bouge la tête, cligne des yeux, plisse le front, cherche un regard humain, s'y plonge et trouve l'apaisement si ce regard est réceptif. Ce comportement stéréotypé est sans doute un instinct qui le rend capable de communiquer dès que possible afin d'être protégé et nourri. Pendant les premiers mois, le bébé continue d'être attiré surtout par les yeux ouverts et qui le regardent, et durant toute la vie, le cerveau humain traite différemment les visages et les autres objets.

Avec quels yeux des intelligences artificielles verraient-elles ? et, sans l'instinct du nouveau né, seront-elles sensibles aux regards dans les visages et dans les tableaux ? d'ailleurs iront-elles au musée ?

07 mars 2006

lumière des ménines

Il y a quelques semaines j'ai passé quelques jours à Madrid, pour voir enfin en vrai quelques tableaux de prédilection : Velasquez, Durer, Bosch, Ghirlandaio, Carpaccio, etc.
Je me souviens ... de l'éblouissement, de la perte des repères devant l'explosion colorée du Jardin des délices en vrai en grand ... de l'air (faussement ?) confus de la classe de maternelle assise devant un Velasquez que son institutrice réprimandait pour son manque de respect envers le grand artiste ... des longues plages de contemplation dans la fondation Thyssen-Bornemisza quasi déserte ... du côté gore du Saturne dévorant ses enfants sapé par l'hilarité d'un jeune couple de japonais se photographiant mutuellement en train de faire semblant de dévorer leurs enfants ... de cette surprenante Sainte famille si gaie et humaine du même Goya plus jeune ...



et des Ménines ...
ce tableau de Diego Velasquez (1656) qui a fait couler tellement d'encre qu'on se demande comment oser encore en parler : " Le temps n'épuise pas les Ménines, il les enrichit ", écrit Daniel Arasse dans On n'y voit rien.

Ce tableau qui pourtant surprend, par sa lumière particulière que les reproductions ne capturent jamais, ce tableau à la fois beaucoup plus sombre, obscur, ténébreux que je ne l'imaginais mais également intensément lumineux, irisé, radieux.
On s'est beaucoup interrogé sur le miroir au fond à gauche (qui n'en est peut-être pas un) où se reflète (mais pas selon les règles de la perspective) le couple royal : mon sentiment en face de ce tableau est qu'il est tout entier un reflet dans un miroir ? et dans ce cas où est le spectateur ? où suis-je ?
Ou peut-être cette scène est-elle la métaphore de la magie de la mémoire, pour qu'iradie ainsi en son centre cette petite princesse boudeuse et pas très belle mais si grave, comme si elle portait sur ses épaules " l'édifice immense du souvenir " ?

06 mars 2006

pensée échappée

Hasard donne les pensées, et hasard les ôte ; point
d'art pour conserver ni pour acquérir.
Pensée échappée, je la voulais écrire ; j'écris, au lieu,
qu'elle m'est échappée.


Blaise Pascal, Les Pensées, VI, " Les Philosophes "

05 mars 2006

éloge de l'oisiveté

Ceux qui me reprochent tant de contradictions ne manqueront pas ici de m'en reprocher encore une. J'ai dit que l'oisiveté des cercles me les rendait insupportables, et me voilà recherchant la solitude uniquement pour m'y livrer à l'oisiveté. C'est pourtant ainsi que je suis ; s'il y a là de la contradiction, elle est du fait de la nature et non pas du mien ; mais il y en a si peu que c'est par-là précisément que je suis toujours moi. L'oisiveté des cercles est tuante parce qu'elle est de nécessité. Celle de la solitude est charmante, parce qu'elle est libre et de volonté. Dans une compagnie il m'est cruel de ne rien faire, parce que j'en suis forcé. Il faut que je reste là cloué sur une chaise ou debout planté comme un piquet, sans remuer ni pied ni patte, n'osant ni courir, ni sauter, ni chanter, ni crier, ni gesticuler quand j'en ai envie, n'osant pas même rêver ; avant à la fois tout l'ennui de l'oisiveté et tout le tourment de la contrainte ; obligé d'être attentif à toutes les sottises qui se disent et à tous les compliments qui se font, et de fatiguer incessamment ma minerve, pour ne pas manquer de placer à mon tour mon rébus et mon mensonge. Et vous appelez cela de l'oisiveté ? C'est un travail de forçat.
L'oisiveté que j'aime n'est pas celle d'un fainéant qui reste là les bras croisés dans une inaction totale et ne pense pas plus qu'il n'agit. C'est à la fois celle d'un enfant qui est sans cesse en mouvement pour ne rien faire, et celle d'un radoteur qui bat la campagne tandis que ses bras sont en repos. J'aime à m'occuper à faire des riens, à commencer cent choses et n'en achever aucune, à aller et venir comme la tête me chante, à changer à chaque instant de projet, à suivre une mouche dans toutes ses allures, à vouloir déraciner un rocher pour voir ce qui est dessous, à entreprendre avec ardeur un travail de dix ans, et à l'abandonner sans regret au bout de dix minutes, à muser enfin toute la journée sans ordre et sans suite, et à ne suivre en toute chose que le caprice du moment.

Jean-Jacques Rousseau, Les Confessions, Livre XII

04 mars 2006

le cadavre du travail

" Un cadavre domine la société, le cadavre du travail " : ainsi s'ouvre le Manifeste contre le travail (1999) du groupe allemand Krisis. En voici quelques extraits :

Avec la troisième révolution industrielle, celle de la micro-informatique, l'ancien mécanisme de compensation par expansion s'arrête peu à peu. [...] pour la première fois, l'innovation de procédés va plus vite que l'innovation de produits. Pour la première fois, on supprime davantage de travail qu'on ne peut en réabsorber par l'extension des marchés. Conséquences logiques de la rationalisation : la robotique remplace l'énergie humaine, les nouvelles techniques de communication rendent le travail superflu. Des pans entiers de la construction, de la production, du marketing, du stockage, de la vente et même du management disparaissent. Pour la première fois, l'idole Travail se met involontairement à un régime draconien durable, causant ainsi sa propre mort.
mais ...


Après des siècles de dressage, l'homme moderne est tout simplement devenu incapable de concevoir une vie au-delà du travail. En tant que principe tout-puissant, le travail domine non seulement la sphère de l'économie au sens étroit du terme, mais pénètre l'existence sociale jusque dans les pores de la vie quotidienne et de l'existence privée. Le « temps libre » (l’expression évoque déjà la prison) sert lui-même depuis longtemps à consommer des marchandises pour créer ainsi les débouchés nécessaires. […] par-delà même le devoir de consommation marchande intériorisé et érigé en fin en soi, l'ombre du travail s'abat sur l'individu moderne en dehors du bureau et de l'usine. Dès qu'il quitte son fauteuil télé pour devenir actif, tout ce qu'il fait prend aussitôt l'allure du travail. Le jogger remplace la pointeuse par le chronomètre, le turbin connaît sa renaissance post-moderne dans les clubs de gym rutilants et, au volant de leurs voitures, les vacanciers avalent du kilomètre comme s'il s'agissait d'accomplir la performance annuelle d'un routier. Même le sexe suit les normes industrielles de la sexologie et obéit à la logique concurrentielle des vantardises de talk-shows. […] face à un sentiment tel que le deuil, le sujet de travail se trouve désemparé, mais la transformation du deuil en « travail du deuil » fait de ce « corps étranger émotionnel » une donnée connue dont on peut parler avec autrui. Même les rêves sont déréalisés et indifférenciés en « travail du rêve », la dispute avec un être aimé en « travail relationnel » et le contact avec les enfants en « travail éducatif ». Chaque fois que l'homme moderne veut insister sur le sérieux de son activité, il a le mot « travail » à la bouche. […]
Aucune caste dominante dans l'histoire n'a mené une vie aussi peu libre et aussi misérable que les managers surmenés de Microsoft, Daimler-Chrysler ou Sony. N'importe quel seigneur du Moyen Age aurait profondément méprise ces gens. Car, tandis que celui-ci pouvait s'adonner aux loisirs et gaspiller sa richesse de manière plus ou moins orgiaque, les élites de la société de travail n'ont droit à aucun répit. En dehors du turbin, elles ne savent pas quoi faire, sauf retomber en enfance : l'oisiveté, le plaisir de la connaissance et la jouissance sensuelle leur sont tout aussi étrangers qu'à leur matériel humain. Elles ne sont elles-mêmes que les esclaves de l'idole Travail, de simples élites de fonction au service de la fin en soi irrationnelle qui régit la société.

Pour lire le reste : la traduction du texte a publié chez Léo Scheer (2002) puis 10/18 (n° 3650) en 2004. On le trouve également en ligne ou , par exemple.

03 mars 2006

la fin du travail

Mais il n'y a pas que la sf ... et en ce début de troisième millénaire de plus en plus d'écrivains mélangent les genres pour importer dans un format romanesque plus classique des réflexions sur les mutations technologiques et ce qu'elles impliquent : James Flint, Douglas Coupland, Haruki Murakami, David Mitchell, mais aussi, en France, Philippe Vasset, Michel Houellebecq ou Valérie Tong Cuong par exemple.

Dans Ferdinand et les iconoclastes, publié chez Grasset en 2003 et qui vient de sortir en poche, cette dernière imagine un jeune génie de la finance qui, lassé de travailler, conçoit pour le remplacer un clone virtuel, une machine assistée par un réseau d'ordinateurs, qui réussit au delà de ses espérances.

Ce roman permet à Valérie Tong Cuong de s'interroger et de nous interroger sur un problème de société étroitement lié au perfectionnement des technologies.
Ces technologies sont nées en grande partie du désir de libérer l'homme de taches pénibles, de limiter le temps qu'il est obligé de passer à travailler. Leur évolution accélérée conduit donc naturellement et inéluctablement vers la fin du travail.
Ce n'est pas une catastrophe ! mais une chance pour l'humanité. Encore faut-il pour cela qu'elle l'accepte et se transforme en conséquence.
Il semble qu'un certain nombre d'hommes et de femmes soient en train de le comprendre. Mais, comme souvent, le sommet de la société, les politiques et dirigeants de tout poil, refusent de reconnaître la fin du travail (par aveuglement, conditionnement, calcul ?) et s'obstinent à inventer des taches inutiles pour faire baisser des taux de chômage qui ne baissent pas.

02 mars 2006

magasin des armes, cycles et narrations obliques

diminutif Macno ... qu'est ce que c'est ?
Il s'agit d'une collection des éditions Baleine imaginée par Jean-Bernard Pouy et Philippe Ayerdhal comme le prolongement dans une thématique de science-fiction de la philosophie libertaire du Poulpe. Elle semble malheureusement avoir eu moins de succès que la série du Poulpe puisqu'elle s'est arrêtée après 15 volumes.

Le premier volume, Consciences virtuelles est publié en 1998 par Ayerdhal, et sa 4eme de couverture annonce clairement le propos :
Transcam, ville orbitale, est le centre planétaire de la communication numérique. Sous mandat théorique de l'ONU et dirigée par l'un de ses fonctionnaires, Caine Pauland, cette ville est en fait gérée par le M.A.C. - consortium regroupant les plus puissantes entreprises mondiales - qui l'a conçue et financée. Pauland va prendre conscience grâce à sa nouvelle secrétaire, Asuncion Bailar, des conséquences désastreuses des manipulations du M.A.C. sur la gestion de Transcam. Elle l'incite petit à petit à inhiber le système informatique en le dotant d'une conscience virtuelle : Macno.
Le Macno « Magasin des Armes, Cycles et Narrations Obliques » est une société virtuelle. Elle n'existe pas physiquement, pas de bureau, pas d'adresse, pas de personnel. C'est une machine intelligente. Un computer relié aux réseaux, connectable, joignable et consultable internationalement par tous les moyens de communication. Il génère une certaine auto-indépendance, voire une forte personnalité intéressée par le bordel, la provocation et l'entropie. Il peut se découvrir efficace, vengeur ou farceur, en tout cas, on ne sait pas trop ce qu'il cherche. Macno est le casse-couilles de l'avenir.


L'intelligence artificielle est ici envisagée - avec en prime une bonne dose d'humour et de dérision - comme une puissance libertaire suceptible de seconder les révoltes humaines contre ce que l'on nomme aujourd'hui mondialisation. Pourquoi, après-tout, une intelligence supérieure devrait-elle reproduire le plus mesquin et non pas le meilleur de l'humain ?

Les autres titres, de niveau inégal d'aillleurs, ont été (si je n'en oublie pas) :
2. Dose létale à Lutèce-land de Riton V. (1998)
3. Le passage de Stéphanie Benson (1998)
4. Cinq aiguilles dans une botte d’humains de Jean-Pierre Andrevon (1998)
5. Gavial poursuite de Michel Chevron (1998)
6. Petit homme vert de Gilbert Gallerne (1998)
7. Macno emmerde la mort de Philippe Curval (1998)
8. Les post-humains de Philippe Machine (1998)
9. La vie ultra-moderne de Francis Mizio (1999)
10. Les chants des IA au fond des réseaux de Jean-Marc Ligny (1999)
11. Petites vertus virtuelles de Claude Ecken (1999)
12. Sous les nuées vertes de Jacques Vettier (1999)
13. Des corps platoniques de Gekko Hopman (1999)
14. Le pacte des esclavagistes de Roland C. Wagner et Rémy Gallart (2000)
15. Pop Hall de Jean-Luc Cochet et Claude Lacroix (1999)

Dans une interview concernant Macno, Ayerdhal affirme que pour lui " la SF idéale, c’est celle qui succède à la philosophie, qui remplace un petit peu la philo ". Il situe également bien son propos et celui d'autres auteurs par rapport aux implications politiques et philosophiques d'une attitude craintive ou lucidement optimiste, face à la science.

A la question " qu’est ce qui t’angoisse et qu’est-ce que tu as envie de dire par rapport à comment le monde évolue technologiquement ? ", il répond ainsi :
J’ai aucune angoisse technologique, je suis quelqu’un qui est réellement fasciné par le besoin d’apprendre et de connaître et d’aller plus loin. J’ai pas de problème moral vis à vis de l’éthique scientifique. Je vis dans un monde où la science est dépendante de budgets qui sont pour la plupart militaires donc quelle que soit la bonne volonté et encore je doute qu’il y ait des bonnes volontés, parce qu’on ne forme pas les scientifiques. On les forme à leur science mais on ne les forme pas à une connaissance du monde, à une appréhension de l’humanité, les implications politiques de leurs propres travaux. Ils font de la recherche et de temps en temps on s’en sert d’une façon, on s’en sert d’une autre, mais bon c’est comme ça. Donc je n’ai aucun a priori, rien. Pour moi la science c’est un plus, toujours, même quand ça donne les pires couilles. Y’a pas d’invention nouvelle qui va apporter une méchanceté supplémentaire. La méchanceté elle est déjà là. Pour donner un exemple c’est vrai que quand Oppenheimer fabrique sa bombe A c’est vrai qu’il devient plus facile de détruire d’un seul coup 500 000 personnes, mais ça ne fait rien, on aurait pris le temps de le faire à la main, on aurait prit 3 mois, mais on l’aurait fait, au lieu de le faire en 1 seconde ½. C’est la guerre du Golfe par exemple, ah, faut pas (???) utiliser l’arme nucléaire, c’est le blocus qui est derrière.[...]
Qu’est-ce qui différencie l’homme de l’animal ? C’est la capacité d’apprendre, d’évoluer, d’aller un petit peu plus loin, donc si on se revendique en tant qu’humain il faut renoncer une fois pour toutes au fait établi.
Dont acte.